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Cession de parts ou d’actions : quelles conséquences selon votre statut (SARL, SAS) ?

Date de MAJ :

Thibault Belloc
Responsable service juridique
8 min
Cession de parts ou d’actions : quelles conséquences selon votre statut (SARL, SAS) ?

Céder ses titres de société n’est jamais une décision anodine, que ce soit dans le cadre d’un départ, d’une transmission ou d’une restructuration de capital. Pourtant, derrière cette même opération – vendre ses titres – se cachent deux réalités très différentes selon que l’on est associé d’une SARL ou actionnaire d’une SAS.

Formalisme, agrément, fiscalité, obligations déclaratives, enjeux patrimoniaux… Le statut juridique de votre société va conditionner non seulement la facilité de la cession, mais aussi son coût réel et ses implications stratégiques.

Perspectives Conseils vous éclaire point par point sur ce que vous devez anticiper lorsque vous cédez des parts sociales (SARL) ou des actions (SAS).

Table des matières

SARL ou SAS : des titres juridiques fondamentalement différents

Dès l’origine, la distinction entre parts sociales et actions induit une différence de traitement.

En SARL, les associés détiennent des parts sociales. Ces parts ne sont pas librement négociables : elles sont par nature « fermées », ce qui implique un encadrement fort en cas de cession.

En SAS, les titres sont des actions. Elles relèvent du régime des valeurs mobilières, plus souple, plus libre. Le capital d’une SAS est donc plus aisément transmissible, ce qui en fait une forme juridique prisée pour des structures à visée évolutive (levées de fonds, actionnariat salarié, holding, etc.). Il y a cependant certaines formalités à respecter, en effet la cession est constatée uniquement par la transmission des ordres de mouvements, de plus il convient de mettre à jour un registre des mouvements de titres de la société dont les actions sont cédées.

Cette différence structurelle se traduit par des conséquences concrètes sur :

  • La souscription des titres à la constitution
  • Le formalisme de cession,
  • Les droits d’enregistrement,
  • La fiscalité applicable,
  • Les droits des autres associés.

 

La souscription des titres à la constitution en SARL

En cas d’associé marié sous le régime de la communauté réduite aux acquêts (communauté légale), il convient d’opérer ce qui est appelé en droit la distinction titre finance.

Ainsi en cas de souscription de parts sociales par un associé marié sous le régime de la communauté réduite aux acquêts, son conjoint doit intervenir à l’acte ou par acte séparé pour notifier son intention de ne pas devenir associé de la société.

Néanmoins, en cas de divorce, le conjoint qui a renoncé à la qualité d’associé peut prétendre à la moitié de la valeur des parts sociales dans le cadre de la liquidation du régime matrimonial.

En cas d’associé marié sous un régime de séparation de biens, la qualité d’associé tout comme la valeur des parts sociales revient au conjoint qui a souscrit ces dernières sans qu’il soit besoin de demander à son conjoint la renonciation ci-dessus.

 

La souscription des titres à la constitution en SAS

En cas d’associé marié sous le régime de la communauté réduite aux acquêts (communauté légale), le conjoint qui souscrit des actions est le seul à pouvoir prétendre à la qualité d’associé, sans soit besoin de demander à son conjoint la renonciation ci-dessus.

Toutefois la valeur des actions tombe dans la communauté, et ainsi en cas de divorce, le conjoint qui a renoncé à la qualité d’associé peut prétendre à la moitié de la valeur des parts sociales dans le cadre de la liquidation du régime matrimonial.

En cas d’associé marié sous un régime de séparation de biens, la qualité d’associé tout comme la valeur des actions revient au conjoint qui a souscrit ces dernières.

 

En SARL : un formalisme de cession plus contraint (mais pas impossible)

Dans une SARL, toute cession de parts sociales à un tiers (non associé ou même conjoint d’associé) est soumise à une procédure d’agrément obligatoire.

Cela signifie :

  • Une notification préalable à la société et aux autres associés,
  • Une tenue d’assemblée pour voter l’agrément (majorité des associés représentant au moins la moitié des parts),
  • Un formalisme strict pour l’acte de cession (écrit obligatoire, mentions légales, dépôt au greffe…).

 

Même pour une cession entre associés, le pacte ou les statuts peuvent exiger une approbation.

 

En SAS : plus de liberté sur vos actions

En SAS, la liberté statutaire prévaut. Par défaut, les actions sont librement cessibles, sauf disposition contraire dans les statuts. Il est donc possible :

  • De restreindre la cession par des clauses d’agrément ou d’inaliénabilité,
  • D’organiser une préemption ou un droit de sortie conjointe.

 

Mais en l’absence de clause spécifique, la cession d’actions est beaucoup plus simple : un acte de cession, un registre des mouvements de titres à mettre à jour, et c’est tout.

Pour une cession rapide ou à un tiers, la SAS offre donc plus de souplesse juridique que la SARL.

 

Les droits d’enregistrement : 0,1 % ou 3 % ?

La fiscalité directe de la cession diffère également sur les droits d’enregistrement :

  • En SARL (parts sociales), le droit d’enregistrement est de 3 %, après un abattement de 23 000 € à répartir entre le nombre de parts sociales.
  • En SAS (actions), le droit d’enregistrement est plafonné à 0,1 % du prix de cession, sans abattement.

 

Exemple concret : si la société a un capital social de 100 parts sociales ou actions et vous cédez l’intégralité des titres pour un prix de vente de 200 000 € :

  • En SARL : (200 000 – 23 000) x 3 % = 5 310 €.
  • En SAS : 200 000 x 0,1 % = 200 €.

Si la société a un capital social de 100 parts sociales ou actions et vous cédez seulement 50 titres sur les 100 pour un prix de vente de 100 000 € :

  • En SARL : 100 000 € – (23 000€ x 50) / 100 x 3 % = 2 655 €.
  • En SAS : 100 000 x 0,1 % = 100 €.

 

Là encore, la SAS est donc bien plus avantageuse d’un point de vue droits d’enregistrement. Attention : ce coût n’est pas supporté par la société, mais par l’acquéreur, sauf stipulation contraire.

 

La fiscalité de la plus-value : flat tax… ou régime de faveur

Pour le cédant d’une SAS ou d’une SARL, ce n’est pas seulement le prix net encaissé qui compte, mais aussi le coût fiscal de la cession.

Par défaut, la plus-value réalisée est soumise à la flat tax (ou PFU) : 30 % (12,8 % d’impôt + 17,2 % de prélèvements sociaux). Il est possible d’opter sur option pour l’imposition au barème progressif de l’impôt sur le revenu. Attention l’option pour l’imposition au barème progressif est faite pour l’ensemble des plus-values réalisé au cours de la même année. Mais il existe des options possibles selon le statut du cédant, la durée de détention ou la nature des titres.

 

Exonération ou abattement renforcé

En effet, en cas d’option pour le barème progressif, et pour les titres acquis ou souscrits avant 2018, le contribuable qui opte pour l’imposition de la plus-value au barème progressif de l’impôt sur le revenu peut bénéficier d’un abattement pour durée de détention appliqué sur le montant de la plus-value imposable pouvant aller jusqu’à 85 % de l’assiette taxable de l’impôt sur le revenu.

Également depuis 2018, les dirigeants de PME partant à la retraite bénéficient d’un abattement fixe de 500 000 € sur les plus-values résultant de la cession de titres. Ce dispositif concerne actuellement les cessions et rachats réalisés jusqu’au 31 décembre 2031.

 

Holding de reprise ou donation-cession

Certains dirigeants optent pour un montage avec une holding de reprise ou une donation-cession :

  • Pour différer ou optimiser la fiscalité de cession,
  • Pour articuler la vente avec une stratégie patrimoniale (donation à enfants, apport-cession, etc.).

 

Ces dispositifs sont valides sous conditions strictes. Une analyse fine est indispensable.

 

Droits des associés restants : quels enjeux de gouvernance ?

Céder ses titres, c’est aussi potentiellement modifier l’équilibre du pouvoir dans la société.

  • En SARL, les cessions à des tiers peuvent être bloquées ou retardées.
  • En SAS, les statuts peuvent encadrer la gouvernance post-cession, avec des clauses spécifiques (agrément, préemption, exclusion…).

 

Il est donc fortement recommandé, avant toute cession :

  • D’analyser le pacte d’associés,
  • De relire les statuts pour identifier les clauses à incidence,
  • D’évaluer l’impact de la cession sur le pouvoir de décision, surtout en cas de minorité/majorité changeante.

 

Les étapes clés d’une cession : vigilance sur les actes et les délais

Quelle que soit la forme juridique, la cession implique de respecter un certain nombre d’étapes techniques :

  • Valorisation des titres : par un expert, un cabinet comptable ou via la méthode patrimoniale/comparative.
  • Acte de cession : signé sous seing privé ou par acte notarié, selon le cas.
  • Enregistrement au SIE : dans le mois suivant la cession (formulaire 2759 ou acte de cession signé). A noter qu’en cas d’enregistrement au-delà du délai d’un mois une pénalité de retard de 10 % s’applique sur le montant des droits d’enregistrement, en fonction du montant, il convient d’être vigilant sur ce point.
  • Mise à jour des registres : registre des mouvements de titres ou registre des associés.
  • Déclaration de plus-value : à l’impôt sur le revenu en cas de plus-value réalisée par une personne physique. En cas de cession par une société, le montant de la plus-value viendra augmenter le chiffre d’affaires d’autant.

 

Un oubli peut entraîner des retards, voire des sanctions. Le recours à un accompagnement expert (juridique, fiscal, comptable) est recommandé à chaque étape.

 

Perspectives Conseils pour accompagner la cession de vos parts/actions

La cession de parts ou d’actions est une opération à fort enjeu – financier, fiscal, patrimonial, mais aussi émotionnel. Elle demande de croiser des compétences multiples, au-delà de la seule comptabilité.

Chez Perspectives Conseils, nous accompagnons de nombreux dirigeants de PME – en SARL comme en SAS – dans la préparation et la sécurisation de leurs opérations de cession.

Notre approche intègre :

  • Une analyse complète du statut juridique et fiscal,
  • Une simulation des impacts financiers et fiscaux,
  • Une coordination avec les conseils juridiques,
  • Et un accompagnement sur les formalités de cession.

 

Que vous soyez en phase de transmission, de réorganisation ou de désengagement progressif, nous vous aidons à structurer une cession sûre, optimisée et maîtrisée. Contactez-nous pour en discuter !

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