
Partager
cet article
Le choix du mode de rémunération du dirigeant est un sujet stratégique pour toute entreprise soumise à l’impôt sur les sociétés (IS), qu’il s’agisse d’une SARL ou d’une SAS. Il influe directement sur la fiscalité du dirigeant, le coût global pour l’entreprise, les droits sociaux, la capacité d’emprunt ou encore la transmission du patrimoine.
Pourtant, cette question est souvent abordée de façon trop simpliste : faut-il se verser un salaire ou des dividendes ? En pratique, une stratégie optimisée implique d’arbitrer entre plusieurs leviers : rémunération, dividendes, mais aussi rémunération différée (PER, PEE, etc.), en tenant compte du statut juridique de la société, du régime social du dirigeant et de ses objectifs à moyen et long terme.
Chez Perspectives Conseils, nous accompagnons nos clients dirigeants dans la modélisation de ces choix. Voici les éléments techniques à connaître pour prendre une décision éclairée, avec une lecture transversale : juridique, fiscale et patrimoniale.
Avant de construire une stratégie de rémunération efficace, il faut maîtriser les fondamentaux : statut social, règles fiscales, et impact sur les comptes de l’entreprise. Le premier arbitrage repose donc sur les deux piliers traditionnels : rémunération déductible ou distribution de dividendes.
Dans une SARL, le gérant majoritaire est considéré comme travailleur non salarié (TNS). Ses cotisations sociales sont inférieures à celles d’un salarié, mais la protection sociale est plus faible.
Dans une SAS, le président est assimilé salarié : il cotise au régime général pour la maladie, la retraite et la prévoyance, mais sans droit au chômage. Les cotisations sont plus élevées (autour des 80% du net versé), mais la couverture sociale est meilleure.
Si vous souhaitez comparer les statuts de la SARL et de la SAS, consultez notre guide dédié.
Fiscalement parlant, la rémunération directe du dirigeant (y compris le salaire en SAS) n’est pas traitée de la même manière que le dividende. Et sur le traitement fiscal pour la société, et pour l’imposition à titre personnel :
Autrement dit, un dividende perçu par un gérant majoritaire de SARL peut revenir aussi cher, voire plus, qu’une rémunération classique. À l’inverse, les dividendes peuvent être moins « coûteux » qu’un salaire en SAS via la flat tax. Par contre, en étant moins lourdement taxé, le dividende rapporte bien moins de couverture sociale (y compris retraite) qu’une rémunération sous forme de salaire. C’est la base.
La rémunération diminue le résultat imposable de la société, donc l’IS. En revanche, les dividendes ne sont versés que si un bénéfice distribuable existe (après IS, réserves, pertes à régulariser…).
Ce premier niveau d’arbitrage permet donc de poser un cadre. Ne pas lésiner sur la rémunération directe, envisager les dividendes en cas de bénéfices et uniquement dans le cadre d’une SAS tout en veillant à sa protection sociale… Mais pour aller plus loin, il faut penser en stratégie de moyen terme : comment lisser son imposition, préparer sa retraite ou transmettre son patrimoine ? C’est là qu’intervient la rémunération différée.
L’utilisation exclusive du salaire ou du dividende peut s’avérer sous-optimale. Des outils de rémunération différée permettent de décaler la fiscalité dans le temps, tout en préparant activement l’avenir du dirigeant.
Les versements volontaires sur un PER (Plan d’épargne retraite) sont déductibles du revenu imposable dans la limite de 10 % du PASS ou de la rémunération professionnelle (plafond 2025 : 35 195 € environ).
Pour un dirigeant faiblement rémunéré mais fortement imposé, le PER est un levier d’optimisation fiscale différée très pertinent. Épargner maintenant pour éviter la surimposition, percevoir les intérêts plus tard avec une fiscalité moindre.
Dans une SAS et en tant que président, il est possible de mettre en place un PEE ou un PERCO et de bénéficier d’un abondement exonéré de cotisations sociales, dans certaines limites (jusqu’à 8 % du PASS pour un PEE, 16% pour un PERCO).
L’intéressement peut aussi être envisagé sous conditions, même dans des structures avec un effectif réduit. Un placement pour plus tard qui évite les 80% de cotisations sociales environ sur le salaire.
Les sorties de PER seront fiscalisées à la retraite (en capital ou en rente). Le TMI à la retraite étant souvent plus faible (vous gagnerez moins que vous ne vous versez aujourd’hui a priori), le gain fiscal peut être significatif. Une modélisation à 15-20 ans permet d’objectiver les gains.
Ces outils créent un pont entre l’optimisation à court terme et les objectifs à long terme. Encore faut-il mesurer leur impact global sur le patrimoine du dirigeant.
Une rémunération trop fiscalement efficace sur le papier peut avoir des conséquences sous-estimées. Il est donc indispensable de mettre en lien les choix stratégiques de rémunération avec les paramètres extra-comptables du dirigeant.
Nous l’évoquions à demi-mot plus haut, une rémunération trop faible entraîne une protection sociale dégradée : indemnités journalières, retraite, prévoyance… Il est indispensable d’évaluer les conséquences d’une politique orientée 100 % dividendes en SAS.
Les dividendes sont généralement exclus des calculs de revenus récurrents dans les dossiers de financement immobilier. Un dirigeant trop faiblement rémunéré peut être pénalisé même avec une bonne rentabilité sociétaire. C’est à considérer dans l’arbitrage.
Un arbitrage mal calibré peut faire basculer un ménage dans une tranche IR supérieure, réduire le quotient familial, ou impacter l’éligibilité à certains dispositifs fiscaux.
Ces effets de bord rappellent que toute stratégie de rémunération doit s’insérer dans une logique patrimoniale globale, y compris à l’échelle du foyer fiscal et des desideratas personnels.
Voici trois configurations illustrant concrètement l’arbitrage entre les différentes formes de rémunération. À chaque contexte personnel et professionnel, une réponse adaptée en matière d’optimisation de la rémunération.
Cas 1 : SARL avec un bénéfice net de 70 000 €
Le gérant majoritaire, soucieux de limiter ses charges sociales, opte pour une rémunération initiale modérée de 30 000 €/an. Malgré un beau bénéfice, ce dernier ne pourra pas en profiter en dividendes car cela reviendrait finalement au même que sa rémunération directe au-delà des 10% du capital social de la SARL.
→ Solution mise en œuvre : sur conseil de Perspectives Conseils, la rémunération est revue à la hausse en cours d’année après analyse du prévisionnel de CA et en considérant que cela ne soit pas trop confiscatoire. En parallèle, 8 000 € sont fléchés vers un PER individuel, afin d’optimiser la fiscalité personnelle en diminuant l’IR. Le reliquat peut alors être distribué sous forme de dividendes, en respectant la limite des 10 % du capital social pour éviter les 45 % de charges sociales.
Cas 2 : Rémunération directe + rémunération différée via épargne salariale
Le président d’une SAS sans salarié perçoit 40 000 € de salaire annuel (soit environ 32 000 € de cotisations sociales imputées à la société). Il cherche à optimiser sa fiscalité et à préparer sa retraite.
→ Perspectives Conseils propose la mise en place d’un PEE et d’un PERCO avec abondement (non soumis à charges sociales), ainsi que des versements sur un PER individuel. Cette rémunération différée améliore la rentabilité nette pour le dirigeant, tout en permettant une déduction fiscale immédiate. À long terme, elle constitue une source de revenus complémentaires faiblement fiscalisée.
Cas 3 : Faible rémunération + capitalisation dans l’entreprise (SAS en phase de cession)
Un dirigeant prévoit de vendre sa SAS dans les 18 prochains mois. Il se verse une rémunération modérée de 40 000 €, et conserve le reste du bénéfice (environ 100 000 €) dans l’entreprise.
→ Plutôt que de distribuer des dividendes fiscalisés à 30 %, il capitalise en réserves, ce qui augmente la valorisation de la société. Lors de la cession, il bénéficie du régime des plus-values (PFU ou abattement dirigeant), beaucoup plus avantageux. Perspectives Conseils sécurise cette stratégie en documentant les choix comptables et fiscaux.
Vous l’aurez compris, l’arbitrage entre rémunération, dividendes et outils d’épargne dépend de nombreux paramètres : structure juridique, statut social, niveau de bénéfice, besoins personnels, composition du foyer fiscal, projets patrimoniaux, etc.
Une modélisation à 3 ou 5 ans minimum permet d’objectiver les conséquences fiscales, sociales et patrimoniales. Elle doit être mise à jour chaque année au regard de l’actualité législative (PLF, cotisations sociales, TMI, taux d’IS, etc.).
Un expert-comptable a un rôle décisif à jouer dans ces arbitrages. Outre les aspects obligatoires, celui-ci est force de conseil pour faire les bons choix en matière de stratégie de rémunération sur le court terme et le long terme. C’est pourquoi vous devriez confier ces missions à Perspectives Conseils.
Chez Perspectives Conseils, nous travaillons aux côtés des dirigeants pour structurer une stratégie de rémunération sur mesure, sécurisée et cohérente avec leurs objectifs à long terme.
Le bon arbitrage ne peut être trouvé qu’à la lumière d’une analyse globale, personnalisée et évolutive. Les équilibres sont mouvants : ce qui est avantageux en 2025 ne le sera pas nécessairement demain.
Vous souhaitez faire le point sur votre stratégie de rémunération ou celle de votre société ? Contactez-nous pour une analyse sur mesure !
Aide à la création d’entreprise, comptabilité et fiscalité, optimisation du statut de dirigeant, conseils en gestion d’entreprise et de patrimoine … Nous accompagnons les entrepreneurs et entrepreneuses tout au long de l’année pour la réussite de leur activité.
Nos prestations fonctionnent au forfait ou par missions ponctuelles, selon la nature de votre besoin et l’intérêt de notre collaboration.
Votre demande a été prise en compte. Vous serez contacté(e) d’ici 48H par votre conseiller